Inutile pour les médias de rassembler politologues, sociologues, sondeurs de tout poil pour nous dire pourquoi nous sommes dans la rue ! On le sait ! Depuis vingt ans, trente ans peut-être nous baissons la tête devant ce qu'on a appelé un temps la "contrainte" extérieure, ce qu'on a appelé après la mondialisation et la nécessaire compétitivité de la France, devant les marchés donc enfin ! C'est fini, trop, c'est trop, et les banques sauvées lors de la crise, et la crise qu'on fait payer aux salariés, et Bettancort millionnaire à qui on donne un chèque et qui était bien copine-copine avec les dirigeants de toutes obédiences, et le mépris toujours et encore, et la morgue évidente des "intelligents" ont ouvert les yeux de ceux qui tardaient à le faire, ouvert les yeux de ceux qui se serrent la ceinture toujours plus et auxquels ceux qui ne se demandent jamais comment ils vont payer le loyer ou manger demandent encore et encore, insatiablement, et sans qu'on ne voit la fin de cela, de serrer d'un cran encore....
La loi sera votée et le peuple devra se taire, disent certains. "Démocratie représentative", que ça s'appelle... Mais comment doit-on appeler un Président qui ment, qui se fait élire sur un programme dans lequel il assure qu'il ne touchera pas aux retraites, qui dirige en despote grâce à une majorité godillots? Où est la démocratie dans cela? Où est la démocratie quand on considère le peuple comme un éternel mineur en direction duquel il ne s'agit que de faire de la "pédagogie", comme si nous étions un tas de mal-comprenants à qui toujours et encore il faut expliquer les choses?
Vingt ans d'inculcation du TINA ( there is no alternative), de propagande éhontée permanente par tous les biais possibles, de l'organisation de l'économie au profit des actionnaires et des forces d'argent - toujours sous la menace, le chantage: "Bosse et tais-toi, sinon on va délocaliser". Vingt ans de têtes baissées en attendant que ça aille mieux, puis en attendant qu'au moins ça n'aille pas moins bien. Vingt ans de contraintes tout le temps, tous les jours, sans une once d'espoir que la situation demain soit meilleure que demain. Vingt ans d'appel au pragmatisme, de négation du politique, de négation des valeurs, quelles qu'elles soient - sauf la valeur de l'argent-, en somme, de négation de l'intelligence - vingt ans de mépris du peuple qu'on feignait de protéger quand on le vendait à l'encan.
La crise a rendu cela trop manifeste. Le peuple relève la tête. "Souveraineté populaire", que ça s'appelle. Et à ceux qui seraient trop sourds, il faut leur rappeler qu'un des instants les plus forts de son expression a été la nuit du 4 Août !