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Parfois, Emmanuel Todd, poussé sans doute par une forme d'optimisme et un certain ton séducteur, tue lui-même la force de ses propos.Ce n'est pas le cas ici. Et c'est remarquable. Un vrai article de combat si on se sert des arguments qu'il utilise. Remarquable : que dire de plus?
Bonne lecture! Les passages en rouge sont surlignés par moi.
Certes, le titre peut prêter à sourire...mais le propos, vous le verrez, y prête moins... En tous les cas, je profite de la publication de cet entretien pour signaler que Jean-luc Gréau, trop ostracisé à mon goût et fort injustement, vient de se voir décerner le prix Sophie Barluet, créé par le Centre national du livre, pour La Trahison des économistes, publié chez Gallimard. Ce prix a été remis par un jury composé de personnalités du monde intellectuel telles que Pierre Assouline, Claude Imbert, Jacques Julliard, Jean Lebrun, Jean-Pierre Le Goff, Philippe Meyer, Etienne de Montéty, Alain-Gérard Slama ou encore Benoît Yvert. L'ouvrage de Jean Gréau a été salué à l'unanimité par les membres du Jury....
Pourquoi orienter l'interview sur les rapports du Parti Socialiste avec l'idée de "Nation"? Parce que je me souvenais bien que JP Chevènement avait longtemps fait partie du PS, et y avait même joué un rôle éminent. Mais surtout, dans le fond, parce que je ne comprends décidément pas pourquoi les socialistes semblent désormais récuser cette notion et valoriser les niveaux supra-nationaux tels que l'UE et l'OMC par exemple.
Ne voient-ils pas qu'accepter comme seuls valides ces niveaux de décision politique et récuser l'échelon national, c'est accepter la déconnexion du champ économique, européen ou mondial, du champ politique démocratique - le cadre national, seul cadre propre à permettre les arbitrages entre Capital et Travail - puisque que seul lieu possible d'expression des dissensus et des rapports de force réels?
Ne voient-ils pas que c'est dès lors laisser la bride sur le cou de fait aux détenteurs de capitaux, livrer les salariés et le modèle social choisi au sortir de la guerre aux pressions infinies de la concurrence "libre et non faussée"?
Ne voient-ils pas qu'en somme c'est laisser la politique se faire à la corbeille??
Internationalisme mal compris, me dira JP Chevènement....Quand donc les socialistes se réveilleront-ils?? Combien de délocalisations directes et indirectes accepteront-ils encore? De pressions mises sans cesse sur le dos des salariés?...
Deuxième partie de l'interview faite avec Emmanuel Todd le 28 Novembre 2008.
Où vous apprendrez :
que la pertinence du cadre national est pour Emmanuel Todd de l'ordre de l'évidenceet que, pour lui, la montée en puissance de l'idéologie libre-échangiste est liée à la désintégration culturelle des Nations
mais que la Nation-société n'est plus à l'échelle de l'économie,que les politiques sont impuissants parce que l'économie qui existe est l 'économie continentale européenne, et c'est cela qui mine la démocratie
qu'avant la démocratie, la société, l'économie étaient à l'échelle nationale et que tout était bien emboîté
et que, comme on ne peut ramener l'économie à l'échelle nationale, pour sauver la démocratie, il faut essayer d'étendre la politique à l'échelle de l'économie européenne :faisons de l'Europe l'instrument de sauvetage ultime de la démocratie, ce qui passe par le fait d'en faire le cadre de l'expérience protectionniste .
Une telle Europe serait une Europe des Nations. L'Europe de ses voeux ne serait pas une Europe dominée par une sorte d'aristocratie bienveillanteet donc ne serait pas mise en place par les gouvernements actuels. Elle n'est possible que si émerge dans chacun des Nations des forces politiques qui ont fait leur conversion au concept de protectionnisme européenet qu'il faut faire revenir le débat libre-échange/protectionnisme dans le jeu politique : il s'agit bien de sauver la démocratie, pas de gouvernance...
qu'on peut faire vivre en bonne entente au sein de l'UE des peuples aux structures familiales sous-jacentes si différentesà condition qu'on ait conscience de ces différences et qu'on les accepte.
"Protectionnisme", le mot-tabou... Pour vivifier le débat, première des deux parties de l'interview d'Emmanuel Todd effectuée le 19 Novembre 2008.
Où vous apprendrez entre autres:
o que le libre-échange, par le fait que le salaire n'est vu que comme un coût, amène à l'insuffissance de la demande globale, o ce qui a été jusqu'à présent occulté par le fait le comportement "fou" des ménages américains
o que l'hypothèse protectionniste se développe sous l'effet de la crise, o car les libre-échangistes se heurtent au mur de la réalité
o que l'important est de créer les conditions dans lesquelles on peut assurer une remontée des salaires et de la demande, o qu'il faut donc relancer la préférence communautaire et mettre en place dès lors un nouveau cycle économique, o et que ce protectionnisme de relance peut aboutir en fait à la relance des échanges internationaux
o que pour que des mesures protectionnistes puissent être mises en place dans l'UE, il faut prendre en compte les rapports de force réels au niveau européen,
o et en particulier la place prééminente de la France et de l'Allemagne
o qu'il faut contraindre les Allemands à prendre leurs responsabilités, o en leur faisant comprendre qu'ils ont plus à gagner dans une économie régionale protégée o et que s'ils ne veulent prendre leurs responsabiltés, la France, elle, se décrochera de l'euro, ce qui le fera exploser.