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crise - Page 7

  • Patrick Artus et le partage des revenus

    D'ordinaire, je ne sors pas les notes de Natixis, parce que je ne sais pas trop si j'ai le droit... Mais je vous rappelle qu'il faut rester en veille sur ce site http://cib.natixis.com/activities/research/economic/publications.aspx, et y aller régulièrement parce que les notes ne sont pas stockées...

    Bref, à deux jours d'intervalle je tombe sur le texte de Sapir et sur cette note de Natixis ( en PDF là). Le titre? "La déformation mondiale du partage des revenus au détriment des salariés, source des déséquilibres de l'économie mondiale".

    Et que dit l'introduction ? "Dans la plupart des pays (Etats-Unis, zone euro, Japon, Chine, émergents d'Asie, pays d'Europe Centrale...), le partage des revenus se déplace tendanciellement au détriment des salariés, ce qui vient de l'évolution du
    rapport de force entre entreprises et salariés, des exigences de rentabilité du capital, d'autofinancement des investissements.

    Cette évolution du partage des revenus est à l'origine de nombreux déséquilibres : dans beaucoup de pays de l'OCDE (Etats-Unis, zone euro hors Allemagne), utilisation jusqu'à la crise, du crédit pour financer la demande des ménages à la place des revenus salariaux, donc insuffisance d'épargne, excès d'endettement ; dans certains pays de l'OCDE (Allemagne, Japon), en Chine, insuffisance de la demande intérieure des ménages, donc nécessairement stratégies de gains de parts de marché à l'exportation (avec en particulier la recherche de la sous-évaluation réelle du taux de change), pour éviter la sous-utilisation des capacités, d'autant plus que la profitabilité élevée favorise l'investissement des entreprises.

    Il serait donc favorable aujourd'hui que, une fois le choc de la crise atténué, apparaissent des politiques de distribution aux salariés des gains de productivité pour éviter les déséquilibres observés dans le passé : excès d'endettement, distorsions des taux de change réels... ; mais ce sera encore plus difficile d'éviter la baisse de la part des salaires qu'avant la crise." Et que dit la fin? "ce sera encore plus difficile après la crise avec la montée du chômage dans les pays de l'OCDE (graphique 13), l'affaiblissement du commerce mondial (graphique 14) qui pousse à réduire encore plus les coûts pour compenser cet affaiblissement par des gains de parts de marché, l'accélération des pertes d'emplois industriels (graphique 4 plus haut)".

     Ce n'est pas moi qui lui fait dire !!! Mais c'est bien moi qui ajoute que, si on ne change pas de système rapidement, qu'on continue d'accepter le libre-échange qui laisse la bride sur le cou aux détenteurs de capitaux, on va dans le mur... Pas tout le monde, évidemment...les salariés....

  • Crise et licenciements : un effet d'aubaine?

    Tant pis, je n'ai pas le temps de commenter l'article de Mathieu Magnaudeix publié en Septembre 2009: un superbe entretien avec Jean-Paul Raillard, directeur du cabinet d’expertise Syndex, un des meilleurs connaisseurs de l’industrie française. Il faut le lire impérativement ! Jean-Paul Raillard y explique qu' il y a eu un effet d’aubaine dans 40% des restructurations.

    L'article est là en PDF   et il faudra le mettre en lien avec deux autres textes que je mets en ligne dans la foulée.... Le problème est et reste de mettre les informations en cohérence les unes avec les autres.... toujours....

    Mathieu Magnaudeix, c'est un journaliste de Mediapart, un journaliste du service économie de ce journal , un journaliste absolument génial, qui fait un très très bon travail, toujours attentif au sort des simples salariés....Je vous avais déjà parlé de lui au moment où il avait lancé sa carte des licenciements.. ( son blog est ). En somme sa présence sur Mediapart vaut l'abonnement à ce journal... et si vous y ajoutez Martine Orange, Laurent Mauduit, et Ludovic Lamant, ça devient carrément le bonheur journalier.  De l'info, de la vraie !!

    En fait, je voudrais être Mathieu Magnaudeix.... mais chut, lui dites pas !!

    Si Mediapart me demande d'enlever l'article, je l'enlève...mais ce serait dommage...

  • Marcel Gauchet : les effets paradoxaux de la crise

    Marcel Gauchet, c'est un de ceux que je suis du coin de l'oeil, avec l'idée un jour peut-être.... Et sur son blog  ( http://gauchet.blogspot.com/), on trouve un excellent papier , à lire en entier, mais dont je voudrais relever seulement un passage parce ce qui y est dit ,  je le ressens autour de moi.... et que ma tendance au désir de repli sur la pratique du tricot plutôt que de l'interview n'est peut-être pas sans rapport avec ce passage...

    [...]  (Couleurs et soulignage faits par moi...)

    " La délégitimation des élites et le repli sur le privé

     

    Il existe autre effet, plus en profondeur, qui doit être inscrit dans un temps long. Il vient de loin. Il vient de la crise des années 1970 avec les différentes vicissitudes qu’elle a connues. Un pays comme la France - ce n’est pas le cas de tous les pays occidentaux - n’a cessé de vivre dans la crise depuis les années 1970. L’effet peu perceptible - nous manquons d’indicateurs pour mesurer un tel phénomène mais il me semble très perceptible dans les attitudes de l’opinion - est la délégitimation en profondeur des élites dont la traduction politique est essentiellement négative :

     1) désaffectation à l’égard non seulement de l’engagement politique mais aussi de l’implication politique la plus élémentaire

    2) scepticisme à l’égard de l’offre politique et repli massif sur les valeurs du privé. Là, on peut observer cette évolution vers la valorisation du domaine privé, qui s’effectue même de manière acritique vis-à-vis des valeurs publiques mais qui les désaffecte de l’intérieur.

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  • Maurice Allais : le "prix Nobel" d'économie spectateur...

    Il est urgent que vous achetiez le dernier Marianne, celui qui est daté du 5 au 11 Décembre 2009. Pourquoi? Parce qu'Eric Conan a réussi à obtenir de Maurice Allais, 98 ans, un texte dans lequel il fait une analyse de la crise et de ses causes qu'il faut lire impérativement.

    Maurice Allais, c'est le seul "prix Nobel" d'économie français - et bizarrement ( ah oui, bizarrement??), on ne l'entend jamais, non à cause de son âge, mais parce qu'il dit ce qui dérange.... Et il ne manque pas de vivacité encore puisqu'il propose de "délocaliser de toute urgence Pascal Lamy"...

    Un petit extrait? "Cette ignorance [ de la réalité de ce qui se passe]et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l'intelligence, par le fait d'intérêts particuliers souvent liés à l'argent. Des intérêts qui souhaitent que l'ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu'il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinaltionales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d'un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu'il appauvrit la majorité de la population français mais aussi mondiale".

    Vite !! Achetez Marianne !! Pascale Fourier n'a jamais osé aller "importuner" Maurice Allais pour l'interviewer quoi qu'elle y ait pensé dès les débuts de Des Sous.... Eric Conan l'a fait, Marianne a publié...merci à eux !

    On peut retrouver la bio, la liste des oeuvres, des textes de Maurice Allais là : http://allais.maurice.free.fr/index.htm et en particulier lire in extenso son texte de 2005 L'europe en crise. Que faire? On peut lire ici http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2301 son analyse de la crise asiatique de 1998 et un autre texte là http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1520 sur les effets destructeurs de la mondialisation... et là : http://www.societal.org/docs/16.htm, une note de lecture de Luc Douillard sur son ouvrage de 1999 La crise mondiale aujourd'hui. Et puis là un article de l'Huma au moment où Maurice Allais se prononçait pour le NON http://www.humanite.fr/popup_imprimer.html?id_article=635116

     

  • Jacques Sapir : Réflexions sur la crise

    Jacques Sapir, je l'admire... et ça doit se sentir.... Voici donc un nouveau texte de cet économiste, directeur de recherche à l'EHESS, texte rédigé pour le magazine de Séoul "KRX Magazine", revue destinée aux milieux d'affaires coréens.

    Ce texte complète et développe l'interview que Jacques Sapir m'avait accordée en Novembre 2008 ( http://jaidulouperunepisode.org/Interviews.htm, en bas de la page) et celles qu'il m'avait accordées dans le cadre de l'émission que je faisais sur AligreFM ( que vous pouvez retrouver grâce à cette page : http://jaidulouperunepisode.org/Sapir_Jacques.htm)

     

    Réflexions sur la crise

     Texte rédigé pour le magazine de Séoul « KRX Magazine », revue destinée aux milieux d'affaires Coréens.

     

     Interview réalisée par LEE Sang Won

    1. La plupart des économistes considèrent cette crise comme une crise du marché d'immobilier américain; vous voyez dans cette crise la fin de l'hégémonie américaine. Qu'est ce que vous voulez dire par là?

     

    La crise actuelle a certes débuté sur le marché hypothécaire américain. Mais, ses sources réelles plongent leurs racines dans les désordres qui ont affecté l'économie américaine depuis la fin des années 1980. Ces désordres sont de nature réglementaires : la libéralisation et la déréglementation des marchés financiers a joué un grand rôle. Ainsi, la suppression de la loi qui séparait les fonctions des banques, ce que l'on appelle le « Glass-Steagal Act », a eu un rôle important dans cette crise. La responsabilité des économistes du courant dominant a ici été importante. La thèse des « marchés efficients » qui a été vulgarisée à partir du début des années 1990 a certainement donné une justification pseudo-scientifique à ces pratiques de déréglementation.

    Mais, ces désordres sont aussi inscrits dans les structures du modèle de croissance américain : l'appauvrissement, relatif puis absolu, d'une majorité de la population alors que continuaient à s'enrichir les 1% les plus riches, et la désindustrialisation des Etats-Unis qui explique l'émergence d'un déficit commercial de plus en plus important. En 2006, à la veille de la crise, il atteignait plus de 5% du PIB. Ce sont ces désordres structurels qui expliquent la montée de l'endettement privé aux Etats-Unis. En 2006 toujours, la dette des ménages atteignait 100% du PIB et celle des entreprises 76%. Ces désordres ont atteint aussi les pays qui ont imité le modèle américain au point d'apparaître aujourd'hui comme des clones, soit la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne.

     Ces désordres remontent à loin. Ils ont commencé à se manifester avec la période de l'administration Reagan et ils ont, à l'époque, déjà donné lieu à une crise importante, celle des Caisses d'Épargnes en 1990/1991. Aujourd'hui l'approfondissement de cette crise interne se combine avec un affaiblissement général de la position extérieure de Etats-Unis, qui s'avèrent incapables de sortir du bourbier Irakien et du piège de l'Afghanistan.

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  • Natixis doit-elle licencier Patrick Artus?

    Natixis doit-elle licencier Patrick Artus, directeur d'études dans la dite-banque? Parce que de deux choses l'une....: soit ce qu'il avance dans l'une de ses dernières notes est faux; soit ce qu'il avance est juste.... - et il signe alors une mise en cause magistrale du système économique actuel auquel participe Natixis ( dont le libre-échangisme est une des marques caractéristiques qu'il oublie au demeurant toujours de remettre en cause...).

    Je vous laisse juge.... La note, en date du 21 Octobre 2009,  est intitulée   "Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens" et elle commence ainsi :

     "Au lieu d'entretenir l'espoir d'une reprise rapide de la croissance et de l'emploi, les gouvernements feraient mieux de dire aux Européens qu'ils vont être confrontés :

    • à une perte irréversible d'emplois dans les secteurs qui se contractent après la crise (construction, finance, biens durables...), d'où un chômage durablement très élevé ;
    • à l'absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en quantité suffisante pour compenser les pertes d'emplois ;
    • à l'inefficacité des politiques de soutien de la croissance par l'exportation, avec la contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, le risque d'appréciation de la devise ;
    • à la disparition du modèle de soutien de l'activité par la hausse de l'endettement ;
    • au besoin de rééquilibrer les finances publiques par des politiques budgétaires restrictives ;
    • à l'accélération des délocalisations avec l'écart de croissance et de coûts de production entre les pays émergents et les pays de l'OCDE ;
    • à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés,avec le chômage élevé, les délocalisations"

    Pour une analyse du texte, je vous laisse aux bons soins de Malakine qui a sursauté lui aussi à sa lecture : http://horizons.typepad.fr/accueil/2009/10/aprs-la-rcession-leffondrement.html

    Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens.... Oui!! C'est le moins que l'on puisse dire... Et que la sphère politique ait aussi le courage de mettre en débat la thèse protectionniste... parce que toujours et encore les notes de Patrick Artus devraient amener à cette conclusion logique quand encore et toujours il annonce l'impossibilité des pays développés à résister la concurrence des pays en développement ( voir ses notes là http://cib.natixis.com/activities/research/economic/publications.aspx - et attention, il faut les stocker quand une vous intéresse, parce qu'il n'y a pas d'archives... Celle-ci http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=49180 est un vrai bonheur de désespérance).

    Bonne lecture,

    Pascale ( qui prie ses auditeurs de l'excuser pour l'absence d'interviews récentes... Grosse crève de longue durée... et vrai boulot...)