Bien sûr, on pourra me dire que mon blog est un blog politique et que parler de Maurice Chevit n'est pas le lieu... Bien sûr...
Mais combien cela me fait de la peine que les médias, reprenant en boucle la dépêche de l'AFP concernant la mort du comédien Maurice Chevit, réduise un tel homme à une apparition dans le film de Leconte ( qui lui aura compris qui était Maurice....).
Maurice, c'était un coeur chaud qui bat, l'attention aux autres - ce qui sans doute a fait que j'ai vu à la télé la salle de professionnels se lever unanimement pour saluer non seulement le talent, mais la profondeur de l'homme, sa sensibilité, sa gentillesse, son humilité, j'en suis sûre, aux Molières, quand il a reçu son premier Molière du second rôle.
Maurice, c'était sa voix, chaude et profonde que l'on peut par exemple entendre là : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=yP_NlKrZPm4.... et ses mains, dont on voit le mouvement sur cet extrait, et que j'aurais reconnues entre toutes...
Maurice, c'était celui que je n'ai jamais interrogé sur la période de 39-45 où pourtant je savais qu'il avait eu sa part comme résistant, parce que je savais que, membre du PC en 1939, il avait été emprisonné à l'âge de 16 ans, que son frère avait été arrêté, déporté, et était mort loin, là-bas... Période trop douloureuse pour lui....C'est rue des Petits immeubles industriels qu'il habitait, et le vieux monsieur que vous pouvez voir dans le film de Guédiguian, l'Armée des Ombres, là, dans la rue des Petits immeubles industriels où apparemment est née la MOI et autour de laquelle gravitait Krasu, ce petit monsieur à moustache qui était là sur une chaise dans la cour, c'est lui - et peu sans doute pouvait comprendre la signification de sa présence.....
Maurice, c'était celui qui n'avait pas oublié et qui militait à Amnesty International pour la défense des prisonniers d'opinion, contre la torture et la peine de mort. C'est là que nous nous sommes croisés.
Maurice, c'était la foi aussi. La foi chrétienne rencontrée en prison, en 1939. Mais une foi tournée vers autrui, pas dans l'exclusive, dans l'exclusion...
Maurice, c'était Pauline, sa femme, rencontrée à 16 ans, et quand il m'écrivait, il signait souvent "Pauline et Maurice"... Ca me faisait rire....!
Maurice, bien sûr, c'était le théâtre. Pour moi aussi, mais pas que...Et je suis intimement persuadée qu'il a irrigué son art de son être, de la chaleur de son être. Deux articles lui rendent hommage au-delà d'un communiqué qui le réduit à Marius : là http://blog.lefigaro.fr/theatre/2012/07/maurice-chevit-une-grande-carr.html et là : http://cinema.nouvelobs.com/articles/19403-people-maurice-chevit-disparition-d-un-astre-bonhomme.
Maurice Chevit, ce n'était pas Marius ! Un "astre bonhomme" comme le souligne le dernier article? Oui. Un gars bien en tout cas, que la misère du monde ne laissait pas indifférent, qui a su s'engager quand il le fallait, quand il le pouvait, et qui a distribué autour de lui des tonnes d'amour.
Et vendredi, ce sera pour tout cela que nous serons nombreux, compact, autour de lui.
pour lui, La Môme...