Jacqueline de Romilly, la grande helléniste, est morte et l'hiver est encore plus triste... Parce que penser les Grecs, c'est penser la démocratie. Et que celle que nous vivons n'est pas en grande forme...
Certes, on ne peut faire de comparaisons excessives entre la démocratie athénienne directe du V° siècle et nos démocraties représentatives modernes. Mais sans doute convient-il de rappeler ce qui soutendait la démocratie athénienne, c'était la conviction que la gestion des affaires publiques étaient chose commune, et que tout citoyen avait validité à s'exprimer sur le sujet parce qu'il était supposé en avoir la capacité. En somme, on ne considérait pas le peuple comme sot, immature, enfantin - un peuple dont on aurait voulu faire le bonheur malgré lui ( comme le supposait chez nous le discours gouvernemental sur la question des retraites...).
Mieux : celui qui était soupçonné de tendre à subvertir les bases démocratiques de l'Etat, d'aspirer à un pouvoir trop personnel pouvait être ostracisé, c'est-à-dire en somme exilé pendant dix ans, sur un vote de l'Assemblée du peuple. Moi, j'écrirais bien quelques noms sur mon ostrakon, enfin au moins un, évident....
Enfin, tout magistrat en charge des affaires publiques était soumis à la fin de son mandat à la reddition des comptes...
Deux articles pour mesurer le fossé qui nous sépare d'une telle démocratie. Une interview d'Emmanuel Todd que m'a signalé l'ami Hardouin, dont voici un extrait roboratif ( l'interview en entier ici):
Lire la suite