Je vous synthétise la chose: si vous avez plus de sorties que d'entrées de sous, vous avez un déficit. Si vous empruntez, vous avez du coup une dette. Bon. Maintenant, le gouvernement va chercher à nous dire qu'on est de vilains citoyens, dispendieux, toujours attachés aux mamelles de l'Etat dont on attend tout, patati patata, qu'on veut trop de dépenses, et que maintenant les dépenses, c'est fini !Parce que là il y a un déficit ! Et que c'est parce qu'on a trop dépensé !
Bon, ça serait vrai si le problème, c'était les sous qui sortent...mais si leproblème, c'était les sous qui entrent - ou plutôt les sous qui n'entrent plus dans le porte-monnaie étatique...
Il y a vraiment un journaliste que j'adore, et c'est Laurent Mauduit... Il lit, il lit les rapports officiels, les analyse, les synthétise... et nous en sort de superbes papiers...Mais comme il travaille à Mediapart, je ne peux vous mettre qu'un petit extrait du texte qu'il a écrit... (Pour le reste, abonnez-vous à ce très bon journal en ligne).
Voici donc:
"[...]Or, il est mensonger de dire que les déficits proviennent de dépenses publiques exorbitantes. S'il y a d'abord une raison qui explique les déficits publics français, et donc l'endettement, c'est la course folle aux baisses d'impôts qui a eu lieu depuis deux décennies, et qui s'est accélérée depuis 2007. Rendu public le 20 mai 2010, un rapport rédigé par deux hauts fonctionnaires et se concentrant seulement sur les dix dernières années en donne une exacte mesure (lire Ces dix années de cadeaux fiscaux qui ont ruiné la France). Il s'agit du «Rapport sur la situation des finances publiques», dont les auteurs étaient Jean-Philippe Cotis, l'actuel directeur général de l'Insee, et son prédécesseur, Paul Champsaur, et que l'on peut consulter ci-dessous:
A destination du premier ministre, ce document faisait en particulier ce constat : «Depuis 1999, l'ensemble des mesures nouvelles prises en matière de prélèvements obligatoires ont ainsi réduit les recettes publiques de près de 3 points de PIB: une première fois entre 1999 et 2002; une deuxième fois entre 2006 et 2008. Si la législation était restée celle de 1999, le taux de prélèvements obligatoires serait passé de 44,3 % en 1999 à 45,3 % en 2008. En pratique, après réduction des prélèvements, ce taux a été ramené à 42,5 %. À titre d'illustration, en l'absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd'hui qu'elle ne l'est en réalité générant ainsi une économie annuelle de charges d'intérêt de 0,5 point de PIB.»
Le rapport n'en dit pas plus... Mais le chiffre laisse pantois: la dette publique serait donc de 20 points de PIB inférieure à ce qu'elle est aujourd'hui sans ces baisses d'impôts décidées depuis dix ans.
Le chiffre mérite un temps de réflexion. Près de 20 points de PIB en moins! Autrement dit – et ce sont des experts qui travaillent pour le gouvernement qui le suggèrent –, la France, malgré la crise, serait presque encore en conformité avec les sacro-saints critères de Maastricht si ces baisses d'impôts n'étaient pas intervenues, et notamment le critère européen qui fait obligation à ce que la dette d'un Etat ne dépasse pas 60% de sa richesse nationale. Concrètement, sans ces baisses d'impôts, la France aurait certes crevé ce plafond, mais dans des proportions raisonnables. Juste un chouïa..."
Je sans que demain, en écoutant Fillon, je vais m'énerver.... Pas vous??
Commentaires
Bonjour,
Puisqu'il s'agit de dette…
Passionnant documentaire grec sous-titré qui "explique les mécanismes de l’assujettissement d’un pays par ce que les économistes appellent la Dette Odieuse" :
http://www.cadtm.org/Dette-les-grecs-et-la-Debtocracy
(et merci Pascal pour tous les interviews et liens indispensables de votre site)
Voici une idée pour diminuer le déficit :
Diviser par 10 les revenus des élus
http://www.journaldunet.com/economie/magazine/le-salaire-des-politiques-et-des-elus/
(ajouter les eurodéputés)