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Si j'étais vous, je lirais Marianne de cette semaine, page 34

Oui oui, vous n'avez que quelques jours pour courir acheter le numéro. Page 34, c'est un article de Stéphane Rozès que moi je connaissais comme directeur général du CSA, ce qu'il n'est plus. Et Stéphane Rozès nous livre là une analyse qui me semble particulièrement intéressante ( mais qui ne fait rien pour me rassurer...).

Vous verrez, cet article commence très bien en ce qu'il réexplique les raisons du succès de Sarkozy, mais sous un jour que l'on entend peu... J'ai toujours pensé que les discours de Guaino, incarnation de la ligne "républicaine sociale" comme dit Rozès, avaient été déterminants...

Mais ce qui m'intéresse dans cet article qui semblerait au départ ne s'intéresser qu'au cas Sarkozy, c'est qu'en fait il parle beaucoup de Marine Le Pen... et ce qu'il dit à un moment, c'est cela : "

"La gauche peine aussi à pointer les contradictions de Marine Le Pen entre son discours sur la laïcité [...] et son objectif réel : l'exclusion de l'autre !

Nicolas Domenach : C'est donc cela, le ripolinage du vieux discours du FN

Stéphane Rozès : D'un parti protestataire, Marine Le Pen veut faire du Front National une alternative politique. Elle passe donc par la rhétorique de la République et de la laïcité derrière laquelle elle se met à l'abri pour stigmatiser le musulman. Mais sa force symbolique est de savoir camper, sur les frontières nationales abandonnées, une sorte de rempart face aux délocalisations et aux immigrés". C'est ce qui lui permet d'incarner l'opposition aux forces politiques du libre-échange, de droite et de gauche".

Je ne crois pas que Marine Le Pen ne fera qu'un faible score aux élections présidentielles. Pourquoi? Parce que les gens voteront Marine Le Pen pour les mêmes raisons que celles qui leur avaient fait voter pour Nicolas Sarkozy..., celles qu'ils avaient cru entendre dans les discours de Guaino: lutte contre les délocalisations y compris par des mesures protectionnistes, défense de l'emploi et croyance en l'importance de l'échelon national ( l'auteur était bien un gaulliste -social - ça se voyait- Coup de maïtre de Sarkozy que de l'avoir ainsi utilisé !).

Laurent Pinsolle l'a dit dans l'un de ses billets: Marine Le Pen au deuxième tour, c'est l'assurance pour son adversaire de remporter la présidentielle... D'où l'intérêt d'occulter le fait que le vote MLP se ferait d'abord et avant tout sur la question sociale? Question sociale intrinsèquement liée, faut-il le rappeler, à celle de la remise en cause du libre-échange ...

 

 

 

Commentaires

  • Tout à fait d'accord. L'élection de Marine en 2012 s'appuiera sur les mêmes ressorts que l'élection de Sarko en 2007 : discours de rupture, réhabilitation de la volonté en politique, promesse de progrès social, critique de l'Europe libérale ... sauf qu'elle aura des mesures concrètes et radicales à proposer (sortie de l'euro, protectionnisme ...) alors que Sarko n'avait que ses mesures du paquet fiscal.

  • Malakine
    Comme souvent, les convertis récents sont les plus fanatiques. Et quand ils sont intelligents, ils sont d’autant plus dangereux.
    Et puis cette manie de toujours dire « Marine » est révélatrice. On est dans l’ordre de l’affectif qui obscurcit le jugement. Vous avez gardé les cochons ensemble ?
    A l’époque de Sarkozy, je ne me souviens pas qu’il ait été appelé par son petit nom !

  • Le vote Lepen sera plus un vote protestataire de ras-le-bol et de défoulement qu'un vote de conviction. Je pense que de moins en moins de gens croient qu'il soit possible de sortir de l'impasse dans laquelle se trouve le monde occidental. Le politique ne semble plus avoir de prise sur la marche du monde...

  • Merci Pascale.


    Rozès est plus pertinent depuis qu'il n'est plus à la tête de CSA! Ne plus travailler pour un institut de sondage rends peut-être plus libre.

    Marine Le Pen est tellement attendue au second tour avec des scores de 20 à 25% (prophétie autoréalisatrice?) que les commentateurs risquent d'être déçus si elle ne fait "que" 15%. Il n'en demeure pas moins qu'elle est clairement dans une stratégie de conquête du pouvoir, quitte à s'appuyer sur des réseaux extérieurs au FN.

    Comme tu le dis justement, la question sociale sera déterminante comme en 1995 et 2007 (je ne sais toujours pas ce qui a été décisif pour l'élection de 2002, 10 ans après)! Derrière le vote Marine Le Pen se profile la question sociale, combien de temps les milieux autorisés vont-ils ignorer cette réalité?

    Marine Le Pen bénéficie d'un conjonction de facteurs favorables, car de fil en anguille et avec les promesses non-tenues par les politiques de droite comme de gauche sur la réduction de la fracture sociale ou la protection contre la mondialisation, la situation a finalement empiré: avant les classes moyennes et populaires pensaient "simplement" que le futur de leurs enfants serait moins bon que le leur, désormais c'est "apocalypse now" et le déclassement se réalise ici et maintenant pour ces français d'origine modeste ou moyenne (prix du pétrole, du logement, matières premières, stagnation des salaires).

    Ce sont également ces classes populaires qui sont attachées le plus aux valeurs d'égalité, de laïcité et d'assimilation. Je crois que la récente enquête d'un sociologue comme Alain Mergier ou les écrits de Christophe Guilluy et Gaël Brustier tendent à corroborer ces thèses.

    Toutefois, nous sommes à peu près à un an de l'élection présidentielle et nous n'avons pas toutes les cartes en main pour juger, Marine Le Pen ne jouera pas perpétuellement sur du velours pendant cette campagne. Par ailleurs, je ne sous-estime ni les autres candidats en lice, ni le "magicien" Guaino, ni la violence d'une campagne présidentielle, ni le poids que pourrait avoir un contexte international chargé (guerres, écologie, crise systémique) début 2012.

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