C'est un article que j'ai repéré depuis quelques jours. Il est de Philippe Guibert. Et Philippe Guibert, c'est celui qui a écrit "Le descenseur social" avec Alain Mergier en 2006. Alain Mergier, c'est le sociologue dont je vous avais parlé là http://j-ai-du-louper-un-episode.hautetfort.com/archive/2011/09/25/enquete-sur-les-ressorts-du-vote-fn-en-milieux-populaires.html à propos de sa remarquable enquête sur les ressorts du vote FN en milieux populaires.
Bref... Ce que dit Philippe Guibert, dans un article de Marianne 2 ( http://www.marianne2.fr/Europe-si-la-gauche-veut-gagner-Hollande-doit-s-opposer-au-processus-en-cours_a213544.html), c'est ce que je ressens au plus profond de moi et m'effaie, mais que je ne peux argumenter avec des chiffres... Lui, oui ! Et il faut lire ce qu'il écrit. Impérativement. En envoyer copie à Hollande. Parce qu'il le dit : "Marine Le Pen est la seule des « grands » candidats, ceux qui sont susceptibles d’atteindre le 2ème tour, à être en phase avec l’opinion majoritaire, sur les questions qui vont structurer la campagne". Et c'est ce qui me tue !
Lisez tout - et croisez-le avec le travail d'Alain Mergier, et tous les articles que l'on peut lire de çà de là et qui nous disent chaque jour que Marine Le Pen trouve écho auprès des salariés mis au chômage, auprès de ceux qui sont menacés, etc... Ceux qui lisent Mediapart et suivent le travail de Mathieu Magnaudeix en particulier ne peuvent ignorer cela...
Lisez tout , mais je vous mets la fin ci-dessous :
"Pour François Hollande, l’enjeu est donc le suivant : soit considérer, comme le PS bien trop souvent depuis 20 ans, que ces rejets ou réticences à l’égard de la mondialisation ou de l’Europe expriment non pas une insécurisation croissante, une pressurisation financière sans queue ni tête et un creusement des inégalités, mais seulement de la « peur » et du « conservatisme », quand ce n’est pas de l’archaïsme franchouillard et du populisme. Auquel cas, cette campagne sera un chemin de croix, où l’appel au vote utile redeviendra vite le principal argument de campagne, avec l’anti-sarkozysme.
Soit changer de perspective pour devenir enfin le garant d’une protection économique du salariat (et des PME). Ce qui suppose d’assumer un conflit avec l’Europe telle qu’elle s’est construite et s’accélère, et avec la mondialisation, commerciale et financière, telle qu’elle s’est bien installée. En faisant l’« inventaire » dans ce que fut l’action de la gauche au pouvoir, car cela fait longtemps, justement, que la gauche n’est plus au pouvoir.
Quand même une moitié de l’électorat le plus favorisé en vient à rejeter la mondialisation et à redouter une perte de souveraineté nationale, il est peut être permis au premier parti de gauche d’évoluer, lui aussi."