Je l'ai donc lu, le premier édito de Julliard dans Marianne... et ça donne du punch pour une journée grise, je le dis moi.... du punch genre énervement majeur...
C'est que Julliard est un Attila inconscient de l'être... et c'est bien ce qui fait le drame... Se revendiquant de la "deuxième gauche", il écrit : "Au stade évoluée et démocratique, c'est la société devenue adulte qui choisit son destin et qui indique aux organes exécutifs dans quelle direction elle entend aller[...]. Pour vivre et penser à gauche, nous n'avons nul besoin de nous étalonner sur les socialistes, les gauchistes ou les centristes. C'est à eux de s'inspirer de ce que nous, le peuple, pensons et voulons. Si Mai 68 continue d'avoir un sens et d'être une source d'inspiration, c'est là qu'il faut chercher ; dans cette déclaration d'autonomie intellectuelle et politique des citoyens par rapport à toutes les autorités instituées".
Mais bien sûr... Soyons autonomes intellectuellement, récusons toute pensée construite, toute idéologie en fait, c'est-à-dire tout système de pensée construite, cohérente, qui explique le monde et ses rapports de forces, donc de lutter... Choisissons notre destin dans un monde où l'Union Européenne, l'OMC, les marchés financiers ( architectures institutionnelle et économique qu'a parfaitement soutenues la deuxième Gauche) imposent sans cesse des contraintes aux peuples! Que les socialistes s'inspirent de ce que nous, le peuple, nous pensons et voulons, quand le PS s'est droitisée comme on ne peut que le constater, et ce sous l'influence de la deuxième Gauche...
Bref, Julliard appelle de ses voeux ce qui précisément a été rendu impossible par ce qu'il a soutenu... Bravo l'artiste!
Allez, pour aller plus loin sur la deuxième Gauche, d'abord de l'auto-promotion, avec un petit travail que j'avais fait : http://www.jaidulouperunepisode.org/003_Brustier_Parti_Socialiste_pour_aller_plus_loin.htm. Vous y trouverez un renvoi vers un texte que j'avais trouvé fort intelligent de Gilles Balas (lire au moins la fin), et puis deux interviews de Liëm Hoang Ngoc singulièrement éclairantes.