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Et la culture, bordel !

culture,patrick sommier,mc93,bobignyNon non, ce n'est pas un soutien à la lutte des intermittents  ( dont je ne pense qu'un chose : les chaînes de télé et les boîtes de prod' doivent payer. Pour le spectacle vivant, on cause !), mais un hommage à la réflexion et au travail de Patrick Sommier, le directeur de la MC93 de Bobigny que j'avais découvert en allant à ce truc fou qui s'appelle l'Atelier des 200, en découvrant grâce à lui le généreux Anton Kouznetsov, l'incroyable Jean-René Lemoine et la beauté de sa Médée, entre autres...

C'est trop tard pour y participer, mais j'avais reçu cette réflexion, et un lien vers les débats qui ont eu lieu! A mon avis, ça vaut le coup de lire ce que Patrick Sommier a écrit, et d'écouter ce que les intervenants qui sont venus ont dit... On trouve les deux ci-dessous.

 

Liens vers l'audio : http://www.mc93.com/fr/article/les-debats-urgence, en construction apparemment ( débats pas finis)

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La MC93 est dans l’obligation de fermer ses portes pour réaliser des travaux de mises aux normes. L’étude a pris cinq ans. Le chantier prévu pour juillet est reporté. La nouvelle municipalité demandant une nouvelle étude, le temps de fermeture est estimé à deux années. Qu’adviendra de la MC93 à la fin de cet hypothétique chantier ? C’est la question. La tentative dans les années 50 de penser un « accès à la culture » pour tous a-t-elle vécu ? N’était-ce qu’un moment de grâce dans la célébration fraternelle de la fin d’une guerre qui avait duré six ans ? Rappelons les mots de Pierre Moinot en mars 1961 pour définir les nouvelles maisons de la culture : « une rencontre entre l'homme et l'art pour faire naître une familiarité, un choc, une passion, une autre façon pour chacun d’envisager sa propre condition. Les œuvres de la culture étant, par essence, le bien de tous, et notre miroir, il importe que chacun y puisse mesurer sa richesse, et s’y contempler. » Cet élan est-il brisé ? Le projet est-il devenu obsolète ?

 

Plus l’état cherche à se décentraliser, plus la notion de décentralisation théâtrale semble s’éloigner. L’impression est que l’Etat s’est débarrassé d’une tâche dont il ne voulait plus. Il n’y a jamais eu un tel gouffre entre la banlieue et Paris. Et sur la banlieue, la réalité est l’exact contraire du discours officiel, riche en stéréotypes et pauvre en idées. L’absence remarquable de la Région IdF sur le débat culturel raconte à lui seul le peu de poids de la culture. La banlieue, qui n’est ni Paris, ni la province attendra sans doute en vain, un projet culturel en Île-de-France, terre de douze millions d’âmes, restée friche administrative abstraite.

 

Les artistes ont été exilés des institutions. Aucun collectif ne les habite. Ils ne sont jamais autour de la table pour défendre leurs droits. Regardons les chiffres : des financements que reçoivent nos maisons, 10 à 20% vont à l’art et aux artistes Que sont dès lors ces institutions auxquelles seuls les artistes peuvent donner un sens ?

 

Les choix qui ont été faits dans les années 50 et 60 portaient-ils en eux les germes de échec ? Ou les raisons de l’échec se sont-elles accumulées au cours des décennies qui ont suivies. Car le théâtre populaire, le théâtre a vécu, la musique classique est en berne. Depuis la création du service public de la culture , « on » réduit, rabote, normalise la belle idée de Malraux. Des 60 années qui suivent, on retiendra principalement la pression sans cesse grandissante du budget et l’absence de pensée, et d’enthousiasme.

 

Les programmes proposés dans le réseau montre la pression grandissante du simple divertissement. Et pour l’éducation artistique, il est vraisemblablement trop tard. Elle seule aurait pu assurer la transmission générationnelle. Désormais un trou noir s’est créé entre générations… Et on abandonne des pans entiers du répertoire.

 

Quels sont les choix du ministère de la culture – autre que de gérer la pénurie ? Quel cap nous désigne-t-il ? Va-t-on vers la fin de la culture classique ? Veut-on du divertissement ? Comment définit-on « la modernité » ? Que peut signifier ce mot coupé du contexte d’histoire de l’art ?

 

Après avoir renoncé à faire monter le public vers les œuvres (seule injonction : remplissez !) l’idée est-elle de renoncer à des œuvres jugées complexes, difficiles, élitistes ?

 

Paradoxe : personne ne s’est interrogé sur un « modèle » déjà ancien et qui n’a aujourd’hui, plus rien de commun avec la société dans laquelle nous vivons.

 

L’économie restera-t-elle la seule pensée en matière de culture ? Allons-nous petit à petit vers l’abandon de notre patrimoine, de notre répertoire, de notre culture ? L’heure est-elle arrivée de la défaite de l’art ? A quoi ressembleront la France et l’Europe demain quand tout se sera achevé ?
Patrick Sommier

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LES DATES DES DÉBATS
• Vendredi 6 juin à 19h
• Samedi 7 juin à 19h
• Dimanche 8 juin à 18h
• Mercredi 11 juin à 19h
• Samedi 14 juin à 19h
• Dimanche 15 juin à 18h

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