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Frédéric Lordon: y'a de la cata à l'horizon...

Il fait froid, il neige... Bonne raison pour lire le dernier texte de Frédéric Lordon, un texte en date du 2 décembre, là sur son blog: http://blog.mondediplo.net/2010-12-02-Ne-pas-detruire-les-banques-les-saisir.

Il y a toujours plusieurs façons de lire un texte, d'être attentif à tel ou tel passage, suivant ce que le lecteur a lu avant, ses interrogations, ce qu'il sait déjà de l'auteur...

Moi, ce que j'ai toujours gardé dans l'esprit depuis Mars 2009, c'est un passage de l'interview qu'il m'avait accordée et qui disait en substance que, s'il y avait eu à l'automne 2008 krach bancaire généralisé, on aurait eu intérêt à avoir stocké les sacs de patates dans sa baignoire, parce que pour retirer ses sous à la banque, faudrait pas y compter...

Depuis, tout en tâchant de me mettre au tricot et à la réalisation de bonnets phrygiens, je garde une petite oreille attentive à ce qui se passe - en prenant bien soin de me dire que ce qui pointe à l'horizon est l'exact inverse toujours de ce que dit madame Lagarde... Depuis quelques temps donc, depuis Mai dernier en fait, entre deux points de tricot, je m'achète périodiquement un bon filet de patates.... J'ai beau ne pas être économiste, je ne suis pas assez sotte pour ne pas comprendre les mensonges éhontés qui nous sont servis - ou les silences éloquents des médias...

Eh bien justement, Frédéric Lordon, il en reparle, des patates... Et le tableau qu'il fait de la situation est plus qu'inquiétant - ou, à défaut d'inquiétant pour ceux qui ont des nerfs d'acier, carréemnt énervant, de ceux qui vous donnent envie de remettre votre bonnet phrygien et surtout surtout d'affûter votre pique....

Je vous mets un bout du texte de Frédéric, remets mes mouffles et mon bonnet, et cours chercher encore un filet de patates.... Bonne lecture à vous !

"Et ceci d’autant plus que les corps sociaux commencent à sérieusement renauder. Sans doute l’enchaînement des faits est-il compliqué à suivre dans son détail technique mais le tableau d’ensemble lui est des plus clairs, et tout le monde en voit maintenant parfaitement les couleurs dégueulasses : 1) la finance privée est l’auteur de la plus gigantesque crise de l’histoire du capitalisme ; 2) les banques ne doivent d’avoir forcé les pouvoirs publics à les secourir qu’au fait d’occuper cette place névralgique dans la structure d’ensemble du capitalisme qui leur permet d’enchaîner le corps social tout entier à leurs intérêts particuliers ; 3) cette situation qui a tout de la parfaite prise d’otage aurait dû conduire sitôt le sauvetage de 2008, non seulement à fermer largement le jeu de la finance de marché [14], mais à recommunaliser le système bancaire en tant précisément qu’il est de fait le dépositaire de biens communs vitaux [15], à savoir : la sûreté des encaisses monétaires du public et les conditions générales du crédit à l’économie réelle ; 4) infestés par les représentants des puissances d’argent, les Etats n’en ont rien fait et donné le secours pour rien, ou plutôt pour un double bras d’honneur, qui a d’abord pris la forme du maintien des rémunérations exorbitantes et surtout, plus grave, celle de l’application de la férule des marchés aux finances publiques, saignées soit d’avoir sauvé directement les banques, soit de faire face aux coûts de la récession ; 5) les splendides mécanismes des marchés de capitaux concourent avec une rare élégance à l’organisation du pire en rendant insoluble la crise des dettes qu’ils ont eux-mêmes fait naître ; 6) et ceci jusqu’à ce que cette crise-là devienne irrémédiablement la leur à nouveau, menaçant d’un deuxième effondrement du calibre de 2008 ; 7) pendant quoi l’Europe invente à la hâte de nouvelles institutions supposées venir en aide « aux Etats » là où tous voient bien qu’il s’agit de sauver les banques pour la deuxième fois. Or, pour ainsi dire, c’est la deuxième fois de trop – car on se demande encore comment la première a été avalée si facilement par les corps sociaux décidément d’un calme olympien. Jusqu’ici."

Commentaires

  • Juste e désir de parler de Kareem Amer qui vient de terminer une peine de quatre ans de prison où il a été battu, placé à l'isolement parce que blogueur s'exprimant librement sur e régime de Housni Moubarak et l'Islam.
    Il vient de sortir déterminé à reprendre son blog. La faiblesse d'un tel régime s'est une envie "d'honorabilité"sur la scène internationale. Faire beaucoup de bruit autour de kareem c'est donc lui offrir une petite protection

    Ma source: http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/56032/date/2010-12-04/article/le-blogueur-kareem-amer-libere-apres-quatre-ans-de-prison/

  • j'imagine que le cata figurant dans le titre est un diminutif de catastrophe, un mot passionnant.

    n.f est emprunté (1552) au latin "catastropha", du grec "katastrophê" "bouleversement, fin, dénouement" et, tardivement, au théâtre "dénouement de l'intrigue" d'où le sens correspondant pour le latin catastropha (IV°s). Le grec est formé sur "strophê" "action de tourner, volte, évolution" (->strophe)avec l'élèment "kata"qui a joué un grand rôle en composition (->cataclysme, ...) avec les valeurs de "vers le bas", " en réponse à " , " en concordance avec", "contre", également avec l'idée d'atteindre, de revenir et pour exprimer l'achèvement de l'action. Cet élément est tiré d'un emploi adverbial et prépositionnel de kata "vers, conformément à", "du haut de", "vers le bas" (encore en grec moderne). Cette forme, corroborée par le hittite et les langues celtiques, est peut-être indoeuropéenne.

    Commentaire tiré du dictionnaire historique de la langue française dirigé par Alain Rey. Alain Rey fut chroniqueur à France Inter, des billets corrosifs...il fut mis au silence,mais comme ce n'était pas un amuseur public cela ne fit pas beaucoup de bruit....

  • @carmadou
    Cela ne fit pas de bruit, mais il manque sérieusementà Inter...
    Je me suis rabattu sur culture, mais là encore, la gangrène pointe le bout de son nez...

    Lordon est quand même incroyable, quel talent, on l'écouterait pendant des heures...

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