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"Problème" de la dette, ou le Lordon expliqué aux enfants !

"Il y a un problème de dette, va fallloir se serrer la ceinture".

Voilà ce qu'on me dit.... mais je ne sais pas pourquoi, quand certains me le disent, j'ai un gros doute, un affreux gros doute qui brusquement m'envahit  l'esprit... Je pense bien plein de trucs....mais je ne suis pas économiste, moi, alors..., et qui je suis pour, etc etc etc.... Mais heureusement, le Lordon nouveau est arrivé !!! Hier!! Et c'est là: http://blog.mondediplo.net/2010-05-26-La-dette-publique-ou-la-reconquista-des . Son titre? "La dette publique, ou la reconquista des possédants" !

Je vous donne la phrase-clef, celle qu'il faut affichée au pied de son lit pour bien comprendre les enjeux?? "Le déficit ne sera réduit que par annulation des défiscalisations ou par une régression inouïe de l’État social – et voilà l’os de la « situation difficile » : les possédants (inclus le capital) vs. le reste du corps social".

 

Et dans la foulée, je vous synthétise/ traduis le Lordon:

La dette, c'est le cumul des déficits budgétaires( en gros, ça veut dire que, chaque année, il manque des sous pour boucler le budget, et que l'Etat est obligé de faire des emprunts, qui s'accumulent du coup).

Avant la crise financière, en 2006, "il n’y a pas de problème de dettes publiques au sens d’une menace de perte de solvabilité par la divergence brutale des ratios Dette/PIB" ( traduction : la situation n'est pas terrible terrible, mais il n'y a pas le feu à la maison); "la crise de finance privée ouverte en 2007 porte l’entière responsabilité de tout ce qui s’est passé depuis ".

Cependant, "la conjugaison de déficits budgétaires chroniques depuis trente ans et d’une croissance moindre que celle de la période fordienne a conduit à une lente et progressive détérioration des ratios". Pourquoi cette "chronicité des déficits"?

...parce qu'un déficit, on peut le regarder de deux côtés: soit l'Etat est en déficit parce qu'il dépense trop de sous ( ça, on l'entend tous les jours...), soit parce qu'il ne gagne pas assez de sous....

Et quand on regarde les recettes( d'où viennent les sous), on s'aperçoit que " la défiscalisation systématique apparaît comme l’un des caractères structurels les plus robustes du néolibéralisme". Mais défiscalisation pour qui ? Les "possédants" , et la "défiscalisation systématique est l’indice d’un compromis historique que le groupe des possédants a réussi à passer avec l’État à partir des années 80, en remplacement du compromis social fordien qui avait prévalu pendant les trente années précédentes".

Profitant de la "mondialisation", les possédants ont pu obtenir la baisse de l’impôt sur les sociétés, ramené de 50 % à 33 % , les larges défiscalisations des revenus du capital, les baisses massives et continues des cotisations sociales, les dernières diminutions des taux marginaux de l’impôt sur le revenu, « bouclier fiscal » inclus, ... La colonne « recettes » du budget de l’État offre une cohérence d’orientation [...] qui a pour axes principaux  la déréglementation et la défiscalisation".

"Les cumuls de défiscalisation ont fini par chiffrer en longue période. Même la Cour des comptes[...] s’en inquiète. [...La discrète mesure exonérant les entreprises de toute taxation sur les plus-values de long terme réalisées sur la cession de leurs diverses participations. Tarif : 20 milliards d’euros… soit un peu plus d’un point de PIB ! "La Cour qui aime à fouiller dans les coins mentionne également que les Projets de loi de finance (PLF) de 2009 et 2010 manquent à mentionner des « dépenses (fiscales) occultées » (antérieures à 2006) dont le total est de… 145 milliards d’euros – 7,5 points de PIB, et l’équilibre budgétaire est rétabli haut la main ! " 

Même "|...]si, globalement, le taux des prélèvements obligatoires n’a pas baissé, leur structure, elle, s’est profondément modifiée, et surtout la répartition de l’effort fiscal entre les groupes sociaux. Il reste aussi que le montant cumulé des défiscalisations est considérable et que c’est peut-être bien de ce côté qu’il faudrait regarder pour réduire le déficit structurel (qui rentre presque intégralement dans cette enveloppe). Mais c’est là le grand intouchable libéral, l’acquis social de la reconquista des possédants, le tribut de tout une époque – qu’ils ne lâcheront pas facilement.

Ca, c'était pour les recettes. "Or parallèlement, du côté des dépenses « ça » a résisté plus que prévu. [...] Décembre 1995, mai 2003, et aussi, même à titre incident, le TCE 2005, le CPE 2006 : ces mouvements sociaux, certains victorieux, d’autres non, ont tous manifesté un catégorique refus. Le démantèlement [ de l'Etat social] progresse donc mais au ralenti[...] en tout cas moins vite qu’il ne faudrait pour compenser les défiscalisations libérales. Déficit et dettes publiques sont la résultante endogène de cette contradiction d’une configuration du capitalisme travaillée en profondeur par des forces antagonistes".

 "Le déficit chronique en France est le produit de la reconquista défiscale des possédants à l’époque de l’État social (encore) résistant. Survienne un accident de parcours tel que la crise financière et, de chronique, le déficit devient astronomique – et la dette explose pour de bon."

"Le déficit ne sera réduit que par annulation des défiscalisations ou par une régression inouïe de l’État social – et voilà l’os de la « situation difficile » : les possédants (inclus le capital) vs. le reste du corps social".

 

 

Bon.... je n'arrive plus à recentrer mon texte, mais qu'importe !

Si j'ai bien compris, depuis longtemps les recettes baissent à coup de déficalisations...mais les dépenses ne baissent pas parce que le peuple n'est pas prêt à se faire avoir et lutte, d'où des déficits chroniques... La crise permet d'accentuer la crainte concernant la dette devenue problème à cause de son creusement:   l'Etat a dû éponger les conséquences de la crise de la dette privée de 2007... et du coup, on veut faire payer le bon peuple en lui sucrant ce dont il bénéficiait au travers des dépenses de l'Etat. On ne touche pas à la "non-contibution" des possédants, mais on serre la ceinture du pauvre.... Ah bon !!!!!! C'est un choix, vous me direz....

Hum.... je retourne à mes travaux de couture : j'ai des bonnets phrygiens à faire. Faut que j'm'dépêche ! 

 

 

 

 

Commentaires

  • Il y a bien dix ans que j'avais compris le "truc", mais c'est autre chose quand c'est exposé scientifiquement ! Je voyais bien qu'on voulait faire de notre France une sorte de république bananière, avec des super-riches et des emplois de bonniches et de boys pour le peuple au service de ces super-riches ! Remarquez, ils se sont fait avoir, ces apprentis-sorciers, car leur calcul se retourne déjà contre eux parce que leur rêve d'une France sans CGT, sans syndicats, sans protection sociale, sans grève, bref sans travailleurs productifs, remplacés par les travailleurs (ou plutôt esclaves) chinois, indiens ou autres, va les laisser sur le carreau, car chinois et indiens ne se contentent pas d'être les usines de nos capitalistes ! Ils les concurrencent directement ! Je trouve que l'histoire a beaucoup d'humour ! Et un certain sens moral aussi !

    Je crois que les bonnets phrygiens ne vont même pas être utiles, car nos capitalistes français qui sont peut-être les capitalistes les plus bêtes, les plus insatiables et les plus timorés du monde entier, vont s'effondrer sous le poids de leurs calculs criminels et mesquins ! (L'Allemagne par exemple n'a pas choisi de démanteler son appareil productif pour détruire les syndicats). Ce n'est pas moi qui pleurerai sur eux ! Par contre, il faudrait à mon avis que le peuple se prépare à reprendre en main l'appareil productif et à trouver des solutions pour redémarrer l'économie sur des bases saines. Sans aucun doute, le peuple trouvera les réponses qu'il faut, comme toujours !

    Mais, finalement, on peut se faire plaisir quand même, et peut-être devrions-nous (si ce n'est pas déjà fait par beaucoup) commencer à faire des listes ... Il faut bien que la colère du peuple trouve un exutoire ! Tant pis pour ceux qui ont oublié d'avoir peur et n'ont rien appris de l'histoire !

  • Tres bon texte de Lordon comme d'habitude

    Sinon sur la dette il y a aussi le problème des intérêts et de la fameuse loi de 1973 qui interdit d'emprunter directement à notre banque centrale à un taux d'intérêt minimal.
    Aujourd'hui nous payons tout les ans entre 40 et 50 milliard d'euros d'intérêt de la dette dans notre budget. C'est aussi ça qui fait boule de Neige et creuse la dette.

    Apres Lordon a évidemment raison sur la revanche des possédants. D'ailleurs cette fameuse loi voté sous Pompidou ancien de chez Rotchild en est le principal exemple puisque elle n'entraine rien de moins qu'un prélèvement des détenteurs de capitaux sur l'impôt des contribuables...

    @Marie

    D'accord avec vous et faites que le futur vous donne raison et que comme vous dites les peuples trouvent une solution. Parce que le peuple de plus en plus il me semble un peu éteint par la propagande déversée par TF1 et consorts... Il suffit de voir le peu de monde qu'il y avait a la manif de jeudi a croire que tout le monde gobe le message officiel sur la nécessité de se serrer la ceinture, enfin pas pour tout le monde comme d'habitude...

  • Je comprends mieux le citoyen Gréau désormais.
    LA TRAHISON DES ECONOMISTES, c'est balèze comme idée mais très juste.Vers qui me tourne-je pour apréhender une matière qui m'est inconnue? : L'expert NEUTRE et désinteressé de l'économie.
    Les massmedias ont une responsabilité parce qu'ils brouillent tout au lieu d'expliquer, mais admettons qu'ils se sont fait avoir et/ou sont complices.
    Les Politiques des 30 dernières années sont des abrutis et/ou complices mais admettons qu'ils se sont fait avoir et/ou sont complices.
    Et moi qui croyais qu'ils se battaient, ces serviteurs de l'Etat, pour nous!! Quelle poire je suis!
    Personnellement je n'aurais rien contre le retour de la guillotine.

  • Que ferions-nous sans Lordon et Sapir ?!?
    Salut Pascale et merci

  • @ Marie, Red2 et Foucart

    Entièrement d'accord avec vous sur le fond ; mais pour ce qui est des responsabilités, sans vouloir exonérer nos dirigeants (qui se sont effectivement comportés comme des cafards abjects), je pense que les vrais responsables… c'est nous. La démocratie se mérite, et elle ne s'use que quand on ne s'en sert pas.

    S'en servir, cela ne consiste pas seulement à aller déposer gentiment notre bulletin de vote quand on nous y invite. Cela consiste aussi à savoir ce que l'on veut (donc à y réfléchir), à acheter et à lire les quelques journaux qui ne sont pas financés par les multinationales, à défendre publiquement les idées auxquelles on croit, à militer dans un parti… et de temps en temps, à créer de nouveaux partis.

    Et puis, Red2, je suis las d'entendre et de lire toujours cette rengaine à propos de "Pompidou-ancien-de-chez-Rotschild". On s'en fout que Pompidou ait travaillé pour Rotschild avant d'accéder à la présidence, ou que NDA ait été young leader, on s'en fout. D'ailleurs on a bien vu un ancien trotskyste brader les biens de la collectivité au profit d'agents privés… En revanche, on peut affirmer objectivement que Pompidou, en tant que président, a servi les intérêts (c'est le cas de le dire) de la banque et de la finance privées. Le vrai problème est là ! Il n'est pas déshonorant de travailler pour Rotschild, mais il est déshonorant de continuer à travailler pour des intérêts privés quand on est Président de la République (et donc censé défendre l'intérêt général).

    "Je n'aime pas les miens parce qu'ils aiment trop l'argent", disait de Gaulle. Il disait aussi : "Je n'aime pas les socialistes parce qu'ils ne sont pas socialistes", ou encore "je n'aime pas les communistes parce qu'ils sont communistes" (on ne peut pas non plus confondre de Gaulle avec un sympathisant soviétique !). Que dirait de Gaulle, aujourd'hui que les "socialistes" sont encore moins socialistes (en fait plus du tout), que les "communistes" ne sont plus du tout communistes (à part certains courants comme La Riposte) ? Je pense qu'il tomberait d'accord avec Pierre Rimbert :

    http://www.monde-diplomatique.fr/2009/04/RIMBERT/17031

    Et peut-être dirait-il qu'il n'aime ni les siens (les prétendus "gaullistes" de l'UMP), ni les socialistes, ni les communistes, parce que TOUS aiment trop l'argent - même quand ils déclarent "je n'aime pas les riches" (Hollande) ou "je suis contre le monde des riches" (Mélenchon).

    Et puis, Foucart, j'espère que vous plaisantez à propos de la guillotine. Son abandon étant peu ou prou la seule mesure que l'on puisse sauver dans le bilan du "socialisme" mitterrandien…

    En bref : les Français doivent s'engager en politique, personne ne peut le faire à leur place.

  • Le peuple est une sorte de mystère et a sa conscience à lui qui ne peut pas être analysée rationnellement. C'est l'histoire qui nous apprend que lorsque son heure a sonné, plus rien ne lui résiste. Comme nous faisons partie du peuple, il s'exprime aussi par notre bouche et la colère que nous ressentons en nous est la sienne ! L'histoire nous apprend que le peuple trouve à chaque phase sa forme d'organisation, suscite ses chefs et résouds les problèmes d'une façon unique, nouvelle. Que chacun fasse ce qu'il juge bon et juste et l'histoire se remettra en marche.
    Or, moi qui observe un peu tout ce qui bouge en France et si possible en Europe, je vois bien que dans tous les coins, presque à l'insu les uns des autres, des gens s'organisent, résistent, ouvrent des petits fronts, sur des questions très diverses qui finissent par se toucher. Il n'y a plus de clivage gauche droite, surtout. Il faut sortir de ce schéma. On peut considérer ces choses comme des ruisseaux qui vont former un grand fleuve. De plus, il faut dire que les fronts sont effectivement divers, et qu'ils vont de l'insécurité au démantèlent des services publics et à la création d'eurorégions pour remplacer les Etats Nations cadre de la démocratie, et à la communautarisation, à la destruction de l'états laïc, etc. C'est une offensive générale de grande envergure contre les peuples européens et en particulier le peuple français et la France modèle de tous les Etats-Nations. Il faut ajouter que tant que la perspective de changer les choses par les elections n'est pas épuisée (et elle n'est pas encore épuisée), on sera plus ou moins dans l'expectative. Mais savons-nous s'il n'y a pas à l'heure qu'il est des gens qui se préparent à passer à l'étape supérieure en secret ? Ils ne vont pas le crier sur les toits ! Le premier devoir de ceux qui souffrent de la situation actuelle et veulent changer les choses est de ne pas désespérer. Il ne faut pas penser que les gens sont abrutis, non, ils sont prudents. Ils ont des enfants à élever, souvent, des responsabilités diverses et ils ne s'engageront pas à la légère dans des actions suicidaires. Si les manifs ne donnent plus rien, c'est parce que les gens n'ont plus confiance en ceux qui les appelent à manifester. Au lieu de dire que les gens sont résignés, il faut comprendre que tous les dirigeants de ces vingt dernières années sont dicrédités. Tous les dirigeants de gauche ont trahi, se sont remplis les poches, ont fait tout ce qu'ils avaient dénoncé. Et maintenant, ils payent, c'est tout ! Et puis, beaucoup de Français n'ont pas encore compris ce qui se passait et croient faire le bien en aidant (par exemple) des sans-papiers ou en militant pour l'écologie.
    Pour finir, je dirai que notre société est tellement pourrie qu'elle doit presque descendre dans l'abîme avant de se relever ! Beaucoup d'observateurs font une analogie entre notre époque et celle de l'Ancien Régime qui a connu le sort que nous savons.

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