Parlons Net, le club de la presse web de France Info a reçu le 14 Mai dernier Jacques Généreux, économiste à Sciences-Po, ancien membre du PS, et membre actuel du Parti de Gauche.
Si vous n'avez que 5 minutes, écoutez les 5 premières minutes!!! Mais vous verrez: une fois qu'on a commencé, on se s'arrête pas!!! Moi, je n'hésite pas: entre deux minutes de Lagarde et une heure de Généreux passée en boucle pendant 24 heures, je choisis Généreux!
Mode d'emploi??? Vous lancez la vidéo, vous regardez deux minutes les beaux yeux bleus de Jacques Généreux....puis vous vaquez à vos occupations comme si vous écoutiez la radio....Un plan fixe, c'est de la radio, de toutes les façons, non?????
A diffuser largement, bien sûr!! Et à écouter et réécouter par petits bouts: c'est magistral !
et sur son blog on trouve cela: http://jacquesgenereux.fr/news/retraites-prendre-les-sociaux-liberaux-de-vitesse
Commentaires
Clair et brillant comme toujours. Malheureusement les trois bonhommes censés l'accompagner dans la discussion n'aident en rien pour faire avancer le shmilblick.
Chaque fois que j'écoute Généreux, Sapir ou Lordon, je m'étonnes que leur compétence à éclairer l'économie soient si peu utilisés dans nos média. Quoique, le site d'acrimed m'aident à trouver des réponses à ces étonnements.
Merci pour vos textes, vos liens et vos émissions !
Même Jorion, se découvrant subitement une sorte de frère jumeau dans le discours de Généreux, je l'ai écouté attentivement.
-Notons tout d'abord la connivence immédiate d'Abiker qui piétine un peu son dernier invité , A. Minc, histoire de montrer qu'il est un esprit critique et averti qui ne s'en laisse point compter !
- D'emblée , Généreux cite Churchill : ça fait bien ces références historiques sans aucun rapport de situation . L'esprit de "Munich" donne un peu de dorure à crédit à un discours où le 'spéculateur' et son complice le 'marché' , s'ils ne sont pas dans le camps des nazis, sont clairement dans ceux de "l'Ennemi" : bref du pur idéologique.
- Car le choix était simple , lors de cette réunion des instances européennes , car :
1) L'ennemi est clairement identifié : les attaques spéculatives (Rien n'est dit sur la responsabilité de ceux ayant construit un système aussi faible face à ces attaques, mais passons)
2) Il aurait suffit "de déclarer la guerre à la spéculation et la terrasser une bonne fois pour toute" : c'est à dire que cela relèverait d'une simple décision ... et donc qu'il suffirait de décider ... pour terrasser ... (on dirait du Pasqua !)
3) Mais ces connards de gouvernements ont choisi donc "la soumission"
Bref, encore de l'idéologie.
Arrivent alors quelques idées 'argumentées' :
a) "La crise de la dette souveraine serait due à la prise en charge de la dette privée par les Etats " : -> malheureusement ce n'est pas le cas en Europe , du moins actuellement , puisque la dette énorme des Etats s'est construite peu à peu , au fil des années, avec l'assentiment de beaucoup, dont la gauche, dont fait partie Généreux.
Un peu plus loin Généreux émet une autre idée très discutable pour expliquer, plus globalement la dette : un mauvais partage des revenus aurait 'forcé' les gens à s'endetter , le système ayant tout naturellement besoin d'écouler sa production.
Si effectivement on constate que la richesse s'est un peu plus concentrée cela ne tient pas au partage mais à la prédation rendue possible par la création monétaire.
D'ailleurs en France l'endettement privé est resté plus 'raisonnable' qu'ailleurs .
S'il est vrai qu'il y a une déformation dans la répartition des revenus, depuis une trentaine d'année, il ne faut pas oublier que l'endettement des ménages résulte également de l'effet richesse du à la bulle immobilière : c'est particulièrement frappant aux USA où plus on se croit et l'on se sent riche, et plus on monte son niveau d'endettement. La bulle boursière également a la même conséquence.
Or ces bulles 'richesses' sont la conséquence naturelle d'une politique monétaire. Une bulle est très souvent alimentée par un système à la Ponzi . La bulle ne peut donc qu'éclater en laissant un champs de dettes en ruine accentuant la distorsion entre les plus riches et les plus pauvres.
La concentration de richesse et l'amas de dettes proviennent de la création monétaire qui a littéralement fait exploser le compartiment de la finance.
Ceci dit je ne dit pas qu'il n'y aurait de nombreuse choses à revoir dans les écarts salariaux qui n'ont plus aucun effet ni structurant ni dynamisant.
b) "La fuite en avant avec de nouveaux prêts , donc un nouvel endettement supplémentaire, ne règle rien et aggrave la situation en préparant de nouvelles crises " :
-> Généreux s'associe , ici, aux critiques des 'purs' libéraux, mais il faut bien voir que cet endettement supplémentaire est le B-A-BA de la gauche 'keynésienne' pour laquelle la monétisation est , comme la saignée , le remède universel !
J'avoue ne pas lui donner tort , tout en pensant que c'est une position bien difficile à avoir pour un homme politique élu.
c) Les Etats ou le système instrumentaliseraient la pression des "marchés/spéculateur" pour instaurer "la cure, la purge d'austérité budgétaire ... " qu' "ils" attendraient depuis 30 ans.
Je reste un peu pantois devant ce supposé complot car durant ces 30 ans j'ai plutôt vu , surtout aux USA , des politiques de distributions de crédits et de consommation à tout va !
En Europe , mis à part les allemands et leur don pour l'auto-punition , et les anglais pour d'autres raisons, je ne vois que des vagues discours appelant à parfois faire quelques économies , assez vite démentis dans la réalité des gestions.
Remarque à mon éventuel lecteur : je ne dis pas que notre système ne se dégrade pas peu à peu et que notre pouvoir d'achat ne s'effrite pas ...
Je dis simplement que nos gouvernants toujours enclins à la demi-démagogie, n'ont pas ce complot de la rigueur perpétuelle et que s'ils y viennent c'est après un maximum de détours , sous la pression de mécanismes économiques un peu basiques , largement amplifiés par le temps.
Et , au fond, peut-être eût-il fallu qu'ils l'aient un minimum : ça nous auraient évité ces dérives budgétaires les rendant aujourd'hui impuissants.
Ce qui est assez curieux dans le raisonnement de Généreux c'est qu'à force de vouloir faire feu de tout bois, il en arrive à des incohérences , masquées par une certaine aisance et précision oratoire.
Il confond la logique des Etats, celle du système économique classique capitaliste , et celle de la finance spéculative.
Ce ne sont pas les états qui instrumentalisent les 'marchés-spéculateurs' pour imposer une cure ; c'est le système économique classique capitaliste qui instrumentalise en partie les Etats pour tenter , effectivement, une certaine rigueur (une 'certaine' rigueur car le système sait que trop de rigueur ira contre ses intérêts).
Par contre le système financier , lui au contraire , vit et tire ses profits des errements budgétaires et de l'endettement des Etats : il ne réclame pas d'austérité ni d' équilibre budgétaire puisque c'est ce qui lui permet sa prédation.
Et lorsque l'Etat tente d'imposer un peu de rigueur, bien sûr en la faisant trop financée par certains et pas assez par d'autres, c'est aussi pour se dégager de l'emprise de la finance prédatrice , et pas forcément uniquement parce qu'il serait victime d'une appropriation par les puissances économiques ou qu' il les instrumentaliserait (on finit par ne plus savoir vraiment ce que veut dire Généreux) .
Bref, la logique de cure sur laquelle Généreux fait haro , consistant à ne s'endetter que pour de vraies dépenses d'investissement et pas des dépenses de consommation, me parait précisément celle qui aurait pu éviter une grosse partie de la Dette !
Et ceci n'a rien à voir avec la politique du moins disant social et économique.
Mais je veux bien accorder un constat à Généreux : rien n'a été fait (Jusqu'à cet gesticulation à portée purement domestique d' Angela M.) contre la spéculation.
C'est que le problème est, à mon avis, complexe :
1) On sent bien - Généreux le dit mais ne met pas le doigt sur cette évidence- , que la suppression des spéculateurs ne règle AUCUNEMENT le problème de l'endettement global dont il parle.
Ok, les choses empireraient moins vite , ok ! Mais d'un autre côté si un signe , une manifestation , une crise ne se déclenchait pas , posant ainsi une limite à une situation de dérive, alors il n'y a pas de raison que les déséquilibres ne continuent pas.
Lorsque je dis ceci , ami lecteur, je ne cherche nullement à défendre le spéculateur mais uniquement à signaler que son éradication (qui aurait du être faite bien avant) ne fera guère baisser la fièvre latente.
2) Ce que Généreux ne voit pas , c'est que notre système est à ce point délabré budgétairement et reposant sur une telle accumulation de créances et de dettes ne correspondant plus à grand chose , mais auxquelles chacun de nous s'accroche, que la pure Spéculation , bien qu'à l'origine de la dérive, est à présent le dernier ciment, la dernière structure qui fait tenir le Grand Édifice !
L'addiction est complète.
Et plus on est faible, plus on est dépendant.
La moindre initiative anti spéculation fait plonger les marchés , et seules quelques économies vaguement plus solides peuvent tenter le clash : les autres ont besoin de la spéculation.
La spéculation est le mal indispensable dont on a besoin pour maintenir la grande illusion celle qui permet de faire tenir un système incapable de se rembourser à lui même ce qu'il se doit .
Je terminerai avec mon accord complet avec Généreux qui sent que cette situation ubuesque où nous ont conduit, les brigands d'américains, les politiques monétaires insensées, et nos démagogies et facilités démocratiques , pourraient nous amener à ces lendemains très ... chaotiques ...
Généreux déplore à l'avance que cela profite alors aux néo-fascistes et à la droite la plus conservatrice (refrain connu) plutôt qu'à la gauche :
-> mais comment s'en étonner puisque , en France et en Europe du moins , ce sont bien les tenants de gauche qui ont discrètement détricoté tout ce qui gênait un certain libéralisme , et qui ont promu cette idiotie de monnaie unique sans voie de délestage ni possibilité de retour.
Et pas les néo-fascistes, ni leur supposés voisins de la droite 'la plus conservatrice'.
PS/ Voyez aussi l'air embarrassé de Généreux lorsqu'on évoque Seguin et son combat contre l'euro et Maastricht ... où il s'avère que c'est bien lui qui avait raison , et pas les légions socialo-mitterandiennes , au travers de ce fameux face à face avec l'arsouille aux grandes oreilles.
... et sa tactique de noyer le poisson dans l'Europe lorsqu' Abiker lui rappelle la dérèglementation entreprise sous Mitterrand (Un des inventeur de l'Euro dans lequel il pensait 'enfermer' les allemands)
PS/ Je n'aime pas bien Lordon , mais , lorsqu'il quitte son persiflage satisfait pour garder son humour pince sans rire, il est tout de même plus cohérent et plus subtil dans son analyse (même si ça reste une sorte de vision purement financière , même inversée, donc flottant un peu dans un univers sans dimension anthropologique)
Voilà, je vous fait don, Pascale, de ces réflexions évidemment placées à un très mauvais endroit pour espérer être vraiment reçues !