Bon, c'est un long week-end .... il faut que vous lisiez ça : http://blog.mondediplo.net/2010-05-18-En-route-vers-la-Grande-Depression
C'est du Lordon !! Et on voit que l'énervement gagne du terrain - et il y a de quoi !!! Moi, dans les grands jours, ce serait plutôt la référence aux piques et aux bonnets phrygiens, lui, c'est le "Gros Bâton"...mais en gros, on se rejoint... parce que ça commence à bien faire!
Je vous laisse lire le texte en entier...mais moi j'ai bien aimé la toute fin: "Pourquoi s’embarrasser, le peuple, qui règle toutes les ardoises – comme chômeur (licencié par la crise), comme contribuable (les recettes à augmenter), comme usager (les dépenses à réduire), et bientôt comme salarié (« déflaté ») – n’a pas voix au chapitre. A moins que lui aussi ne finisse par avoir une idée. L’idée du Gros Bâton".
Et puis il y a ce passage central dans le texte ! J'voudrais pas dire, mais dans la dernière interview que Frédéric Lordon m'avait accordée, il parlait de la crainte qu'il avait eue en 2008 de devoir remplir sa baignoire de patates au cas où... Je me demande s'il ne faut pas envisager sérieusement de faire quelques réserves, parce que c'est cohérent, ce qu'il dit... et c'est pas rigolo rigolo... Il ya 15 jours, j'ai déjà eu pour ma part quelques craintes sérieuses....
"Ou alors attendons-le avec impatience – et les investisseurs au tournant. Car c’est en ce point précis que Dépression rime avec Gros bâton. S’il se produit, ce moment fera en tout cas événement. Car il faut se figurer ce qui suivrait d’un retournement unanime de la croyance financière prenant conscience que le plan, non plus à l’échelle d’un seul pays, mais de la zone tout entière, aboutit à l’exact contraire de qu’il vise et s’avère sans espoir. Le dessillement risque de faire mal, et une panique simultanée sur un grand nombre de dettes souveraines européennes ne sera pas belle à voir.
Ceci d’autant moins que les recours à activer seront épuisés. Pour être générale, la panique sur les dérivés de crédit privés de 2008 a pu être gérée car le recours de la prise en charge par des dettes publiques saines était disponible. Quand c’est le recours lui-même qui sombre, que reste-t-il ? Une petite manœuvre dilatoire comme celle du plan de stabilisation du 9 mai tentant de faire croire que les dettes publiques peuvent être à elles-mêmes leur propre recours. Jusqu’à ce que le voile se déchire.
L’impossibilité révélée de continuer à serrer des boulons qui fragilisent en fait l’édifice conduira d’elle-même à reconnaître la perte de soutenabilité des dettes souveraines – dont il faudra rappeler vigoureusement qu’elle a été causée par le choc financier privé, puis par les mesures ineptes qui s’en sont suivies –, et à jeter l’éponge : le défaut. On s’inquiétait il y a quelques jours encore du volume de pertes que pouvait propager dans le secteur bancaire international un défaut grec seul : on regrettera ce temps béni au moment où six ou sept Etats européens déclareront stop dans un bel ensemble – le total de la dette publique de la zone euro se monte à 7 000 milliards d’euros en 2009 (8 700 pour l’UE entière), disons pour faire un prix à la louche qu’on met le tarif d’un bon gros défaut au tiers, ça nous fait dans les 2 500 milliards d’actifs en grand danger dans les bilans des banques… Les subprime nous apparaîtront alors comme une aimable bluette, et il y a de fort bonnes raisons à ça : les dettes publiques ont repris le contrecoup d’un choc non pas sectoriel (immobilier), mais macroéconomique – tout de suite, ça chiffre…
Si ce scénario se produit, ce sera l’accident nucléaire en grand format. On verra bien qui tiendra le choc ou pas. En fait, d’ailleurs, on ne verra pas grand-chose, car celles des banques qui auraient été en état de résister à leurs propres pertes seront de toute façon vitrifiées par le risque systémique activé par le collapsus des autres – et tout le monde ira au tapis. Dans un grand moment de déjà vu, on assistera donc à nouveau au spectacle des banques en guenilles se pointant auprès de… l’Etat pour demander assistance. Cette fois-ci, il ne faudra pas les louper."
La suite est délectable... et elle est donc là : http://blog.mondediplo.net/2010-05-18-En-route-vers-la-Grande-Depression
Bonne lecture - et bon achat de patates...