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  • Jacques Sapir : Réflexions sur la crise

    Jacques Sapir, je l'admire... et ça doit se sentir.... Voici donc un nouveau texte de cet économiste, directeur de recherche à l'EHESS, texte rédigé pour le magazine de Séoul "KRX Magazine", revue destinée aux milieux d'affaires coréens.

    Ce texte complète et développe l'interview que Jacques Sapir m'avait accordée en Novembre 2008 ( http://jaidulouperunepisode.org/Interviews.htm, en bas de la page) et celles qu'il m'avait accordées dans le cadre de l'émission que je faisais sur AligreFM ( que vous pouvez retrouver grâce à cette page : http://jaidulouperunepisode.org/Sapir_Jacques.htm)

     

    Réflexions sur la crise

     Texte rédigé pour le magazine de Séoul « KRX Magazine », revue destinée aux milieux d'affaires Coréens.

     

     Interview réalisée par LEE Sang Won

    1. La plupart des économistes considèrent cette crise comme une crise du marché d'immobilier américain; vous voyez dans cette crise la fin de l'hégémonie américaine. Qu'est ce que vous voulez dire par là?

     

    La crise actuelle a certes débuté sur le marché hypothécaire américain. Mais, ses sources réelles plongent leurs racines dans les désordres qui ont affecté l'économie américaine depuis la fin des années 1980. Ces désordres sont de nature réglementaires : la libéralisation et la déréglementation des marchés financiers a joué un grand rôle. Ainsi, la suppression de la loi qui séparait les fonctions des banques, ce que l'on appelle le « Glass-Steagal Act », a eu un rôle important dans cette crise. La responsabilité des économistes du courant dominant a ici été importante. La thèse des « marchés efficients » qui a été vulgarisée à partir du début des années 1990 a certainement donné une justification pseudo-scientifique à ces pratiques de déréglementation.

    Mais, ces désordres sont aussi inscrits dans les structures du modèle de croissance américain : l'appauvrissement, relatif puis absolu, d'une majorité de la population alors que continuaient à s'enrichir les 1% les plus riches, et la désindustrialisation des Etats-Unis qui explique l'émergence d'un déficit commercial de plus en plus important. En 2006, à la veille de la crise, il atteignait plus de 5% du PIB. Ce sont ces désordres structurels qui expliquent la montée de l'endettement privé aux Etats-Unis. En 2006 toujours, la dette des ménages atteignait 100% du PIB et celle des entreprises 76%. Ces désordres ont atteint aussi les pays qui ont imité le modèle américain au point d'apparaître aujourd'hui comme des clones, soit la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne.

     Ces désordres remontent à loin. Ils ont commencé à se manifester avec la période de l'administration Reagan et ils ont, à l'époque, déjà donné lieu à une crise importante, celle des Caisses d'Épargnes en 1990/1991. Aujourd'hui l'approfondissement de cette crise interne se combine avec un affaiblissement général de la position extérieure de Etats-Unis, qui s'avèrent incapables de sortir du bourbier Irakien et du piège de l'Afghanistan.

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