Oui, je sais que mon blog est un blog d'éco-politique, mais je ne peux pas ne pas relayer la dernière lettre écrite par un professeur marseillais qui n'a pas fait la rentrée, qui ne la fera plus jamais, parce que dimanche dernier, il s'est tué. Pas tué parce qu'il aurait été dépressif ou je ne sais quoi... Tué en fait parce qu'il croyait à son métier. C'est souvent ceux-là qui se suicident, comme à Orange, ceux qui y croient, qui s'investissent, qui veulent donner sens à leur métier...
Les médias classiques ont été bien silencieux. J'avais entendu l'info à la radio, mais sans que cela ne me touche plus que cela parce qu'on avait omis de me dire pourquoi le collègue Pierre s'était suicidé. Sa lettre est éloquente : parce que l'institution se fout de lui, et en dernier ressort des élèves. Ce n'est pas un scoop, que l'Education Nationale se fout de ses salariés, mais bon là, c'est dit clairement, posément, de façon argumentée.
La lettre entière est lisible chez Marianne 2, précédée d'un bel article : http://www.marianne.net/Mourir-de-ne-pas-enseigner_a231778.html. Elle débute ainsi : " Je vous fais part de ma décision de ne pas faire la rentrée scolaire 2013. En effet le métier tel qu'il est devenu au moins dans ma spécialité ne m'est plus acceptable en conscience.".
Il enseignait l'électronique en série STI2D (Sciences et technologies industrielles et du développement durable) et ce qu'il raconte est ubuesque : "Pendant ce temps nous avons appris que la note du bac porterait uniquement sur le projet final est que la note serait constituée de deux parties égales, une attribuée par un jury en fin d'année suite à une soutenance orale avec support informatique, l'autre attribuée par l'enseignant de l'année au vu du travail fourni par les élèves."
Et il continue : "Du coup cette note relève "du grand n'importe quoi" et ne respecte aucune règle d'équité. Elle est attribuée par un enseignant seul qui connait ses élèves depuis au moins un an et compte coefficient 6 ce qui écrase les autres matières. Cela viole l'esprit du baccalauréat dans les grandes largeurs. Je considère que ceci est une infamie et je me refuse à recommencer." ( et c'est lui qui le met en gras).
Voilà. Il ne voulait plus participer à la mascarade qu'on lui avait imposée l'année précédente - après une énième réforme faite à l'arraché qui n'avait pas été pensée dans ses implications pratiques, comme d'habitude, et comme il l'explique... Un enseignant ne peut noter ses propres élèves pour le contrôle final d'un bac, c'est l'évidence, et c'est là qu'on sent la déontologie de cet enseignant-là ! Mais il faut lire sa lettre! D'ailleurs je me tais : lisez-là...
Commentaires
Quelque chose me dérange dans cette lettre.
Ce Monsieur est intellignet, il a visiblement toute sa tête.
Pourquoi un suicide ?
Changer de place, Démissionner, Changer de Job, prendre une année sabbatique... ou même chômer.
On peut sentir une bonne grosse partie de non-dit dans cet écrit.