J'avais vu passé un article sur Médiapart sur l'accord de libre-échange en cours de négociations entre l'Union Européenne et la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Mais c'est Marianne qui vient de sortir une excellente interview qui montre tous les dangers de cet accord pour les pays africains qui en seraient partie prenante.
Je vous laisse le lire : il est là !http://www.marianne.net/Afrique-de-l-Ouest-et-Europe-se-tirent-une-balle-dans-le-pied_a243178.html
Cet accord de libre-échange doit être mis en perspective avec les autres accords que l'UE négocie avec le Canada d'une part, et les Etats-Unis d'autre part - et cela doit être mis en lien avec la nouvelle interview que j'ai faite avec Cédric Durand sur la nécessité d'une critique radicale de l'UE par la Gauche.
Chacun de ces accords est négocié en secret, loin de tout débat démocratique. L'ensemble vise à créer un étau libre-échangiste dont les peuples qui y seront soumis ne pourront se défaire. On ne se délie pas comme cela d'accords internationaux!
L'UE décide donc de l'avenir des peuples européens ( mais aussi africains, en l'espèce) pour des décennies. Loin de tout débat démocratique. Il est absolument nécessaire d'écrire à nos élus ( parlementaires européens si on croit en leur capacité de s'opposer à cette logique, nationaux sinon). ca urge : la démocratie est en danger.
Commentaires
C'est encore une fois une question de souveraineté et de rapport de force... souveraineté monétaire et militaire....
La France-Afrique et l'Europe (Allemagne, Belgique, Portugal, Pays bas, avaient aussi leurs colonies en Afrique) n'ont jamais permis la décolonisation et maintiennent sous le joug ce continent riche, très riche même (et habité d'Africains pauvres...).... On ne se sépare pas facilement de la poule aux œufs d'or !
L'outil le plus visible pour maintenir ce joug est l'armée. La plupart de nos "anciennes" colonies ayant des accords de "coopération et de défense", qui maintiennent des garnisons notamment française sur place. Sois disant pour assurer la protection du pays en cas d'agression extérieure, en réalité, et l'histoire depuis les années 60 le démontre à chaque fois, dans un but de maintenir l'ordre intérieur (maintien des dictateurs en place contre les populations, défense des intérêts de "nos" firmes.)
Sur ce point on lira l'article suivant sur Investig'action "Le « Dossier noir » de l’armée française en Afrique"
http://www.michelcollon.info/Le-Dossier-noir-de-l-armee.html
L'autre outil, et on en revient à ton précédent sujet, chère Pascale, c'est le Franc CFA. Qui maintient de fait sous le joug de la Banque de France et donc de l’Élysée, la quinzaine de pays de l'Afrique du centre et de l'ouest, nos anciennes colonies françaises, qui l'utilisent (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo formant l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ; le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, formant la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) ; plus les Comores).
Les francs CFA de ces pays sont arrimés depuis 1945 au Franc français puis maintenant à l'Euro. Les billets et pièces sont imprimés par la Banque de France, à Chamaillière (63). De par leurs statuts, les Banques centrales de ces pays (regroupés pour les pays de l'UAMOA dans la BCEAO (Banque Centrale des États d'Afrique de l'Ouest) et pour les pays de la CEMAC dans la BEAC (Banque des États d'Afrique Centrale) dépendent de la France, et ne peuvent rien décider sans l'accord de Paris. Elles sont juridiquement inféodées à la Banque de France et maintenant (en plus) à la BCE (c'était une des conditions pour accorder "l'indépendance" à nos anciennes colonies).
Par exemple, pour la BEAC, le conseil d'administration comprends 13 membres, donc trois désignés par la France. Pour la BCC (Banque centrale des Comores) de 8 membres, dont 4 Français, et pour la BCEAO, de 16 membres dont 2 Français. Les statuts précisent en outre qu'aucune décision ne peut être valide sans la présence et le vote favorable d'un des représentants français... cqfd !....
Pour plus de détails, je vous encourage à écouter la vidéo-conférence du Professeur Nicolas AGBOHOU ici :
https://www.youtube.com/watch?v=P01Fq66hyts
(le son étant assez médiocre, montez les aigues et baissez les graves, la compréhension sera meilleure)
Son support de conférence en pdf est là :
http://www.m-pep.org/IMG/pdf/PrAgbohouNicolas.pdf
L'idéal étant de suivre la vidéo-conférence avec le pdf ouvert en même temps.
La Banque de France gère donc et imprime le Franc CFA (toujours trop peu, la quantité dépend de son bon vouloir et non de la nécessité du pays africain, le reste devant donc être emprunté avec intérêts.....). Les dévaluations-surévaluations du Franc CFA se décident à Paris et à Francfort et sont toujours défavorables à l'Afrique. Les stocks d'or africain sont à la Banque de France à Chamaillières (63) (ils servent de dépôts pour garantir le Franc CFA !....). Le Franc CFA, arrimé à l’Euro, subit de plein fouet les conséquences de l'Euro fort (face au dollar) qui favorise les produits "techniques" (européens) et défavorise les matières premières (Africaines : ex : -40% pour le coton depuis 2000). Ainsi arrimé statutairement à l'Euro, les 15 états de la zone Franc ne peuvent pas adapter leur monnaie aux autres pays Africains, leur voisins, ni au reste du monde et notamment les pays "dollar" ou qui vendent des matières payés en dollar.
Les statuts de ces BC prévoient aussi l'obligation des "comptes d'opérations", sur lesquels les banques centrales africaines doivent verser les "avoirs extérieurs nets" qu'elles détiennent (100% de ces avoirs jusqu'en 73, puis 65% jusqu'en 2005 et 50% maintenant). Ces sommes sont gérées par la Banque de France (4300 milliards de F CFA en 2007 pour la seul BEAC !!!), qui les place pour son propre compte (et récupère donc les intérêts), quitte à prêter ensuite aux pays africains, avec intérêt aussi, l'argent qui est pourtant à eux mais dont ils ne disposent pas, puisque par obligation, ils doivent mettre 50% de leurs "avoirs extérieurs nets" sur ces comptes d'opération à la Banque de France.... Pour la France c'est pile je gagne et face tu perds ! Un hold up parfait ! Et pour l'Afrique ce sont des famines aggravées, de l'austérité supplémentaire, des services publics en moins, etc, etc.
Si nous sommes riches, c'est d'abord et surtout grâce à l'Afrique !
Et on voit par là tout l'intérêt d'avoir la main mise sur sa propre monnaie, qui peut autant être un outil d'épanouissement économique que d'oppression tragique et mortifère si on perd sa souveraineté monétaire. Les africains avec le Franc CFA, nous avec l'Euro...
Et bien sur, pour celui qui voudrait changer les règles du jeu, l'armée française veille : Le président Patassé de Centrafrique, insoumis au FMI, a pour cela été déchu par les intrigues de la France. Le président Gbagbo de Côte d'Ivoire, a été chassé par l'armée française au moment justement ou il commençait à frapper monnaie ivoirienne !....
Le nouvel et futur Accord de Partenariat Économique (APE) dont il est question dans l'article de Marianne, n'est donc, on le voit, que la continuité de la spoliation de l'Afrique de l'Ouest (Les pays du Franc CFA justement !...) par ses anciens colons. Il est évident que la négociation n'est pas équitable, ces pays n'ont aucune indépendance financière ni militaire. Autrement dit, ils signeront car ils n'ont pas la possibilité de faire autrement, ils ont pour ainsi dire, le pistolet sur la tempe.
On notera que les partis comme l'UDF, le RPR, le PS, l'UMP et le PS à nouveau, ont toujours maintenu et utilisé les outils de la France-Afrique, on l'a vu encore récemment en Côte d'Ivoire, Centrafrique et Mali...
Il faudrait que les gens s'en rendent enfin compte et cessent d'apporter leur soutien à ces partis véreux qui ne servent que les banques et les multinationales, contre peuples européens, d’Afrique et d'ailleurs !
Désolé, mais c'est encore un post à rallonge...
Waouh, Luc !! Mais comment sais-tu tout cela !!!! Chapeau bas ! J'ai des leçons à prendre !!!
Ben, grâce à toi bien sûr ! Et aussi à Mermet, à Aurélien Bernier, à Michel Collon, à Polemix, à Chouard, à Bricmont, à Berruyer, à.... etc, etc.
Et non, je ne pense pas que tu aies besoin de leçon de quiconque, tu te débrouilles très bien comme çà.
Changes rien surtout !
Bises
Luc