François Flahault, c'est un de ceux que je suis depuis longtemps, un philosophe, directeur de recherche à l'EHESS.Je l'avais découvert en lisant Le paradoxe de Robinson publié en 2005 aux Editions des Mille et une nuits. Il a récemment publié Où est passé le bien commun ? aux mêmes éditions.
Pour moi, François Flahault est un de ces esprits universels qui ne s'est pas confiné dans sa "matière" ni dans la culture d'où il est issu.C'est un homme modeste. Lui-même vous dirait qu'il ne mesure pas encore toutes les incidences de ce qu'il dévoile. Mais ce dont je suis sûre, moi, c'est qu'il y a à prendre, comprendre dans son oeuvre, pour aller plus loin encore, en tirer les conséquences.
Peut-être vous souvenez-vous de l'interview de Dany-Robert Dufour et de ce qu'il nous disait des conséquences du tournant postmoderne de la pensée occidentale. A son tour, François Flahault tord le cou à un mythe, celui de l'individu qui ne ferait société avec d'autres hommes que dans un but économique ou pour assurer sa protection. L'homme est un être social par essence, et qui ne peut être sans société; l'individu, à chaque instant, pour soutenir son existence, moins matériellement parlant que psychologiquement parlant, a besoin des autres, des liens qu'il entretient avec les autres. Et c'est parce que la réalité anthropologique de l'homme est celle-ci que la politique devrait prendre en compte la nécessité de prendre soin de ce biotope de l'homme qu'est la société humaine, et non seulement espérer que la bonne santé de ce biotope ne serait que conséquence de la bonne santé économique. Un Mélenchon dirait sans doute "l'humain d'abord"...mais c'est à la définition de ce que cela suppose de place à donner à l'économie, de définition de "biens communs"- et peut-être de sens ( c'est moi qui l'ajoute...)à donner à la frontière, à la définition d'un "être-soi" collectif - qu'il faut que nous nous attelions.
Bonne écoute de cette première partie d'interview de François Flahault ! La suite ( liée à ce début...) au plus tôt, mais l'intervieweuse a dû mal à suivre question montage...
Commentaires
Le plaisir que nous prenons à la lecture de "Robinson Crusoé" ne vient-il pas justement de l'irréalité du récit? tout comme un auteur de roman fantastique ou de science-fiction, Defoe rend vraisemblable une situation humaine qui ne l'est pas du tout. Dans les faits, les naufragés contraints à survivre seuls sur un coin de terre déserte, ne ressemblaient guère à son héros de papier. Il fallait un génie littéraire comme Defoe pour donner l'illusion de la réalité aux divagations libérales sur l'individu autosuffisant, auto-construit, etc.
A ce point, la différence entre l'Adam biblique et les "Robinsonnades" modernes saute aux yeux: dans Genèse 2, l'homme n'accède véritablement à l'humanité qu'une fois établie la division des sexes, et donc la possibilité d'une relation. Excepté quelques intellectuels comme les épicuriens, nul doute (à mon avis) que c'était là l'opinion la plus répandue depuis des millénaires. Le contractualisme hobbesien, puis les libéraux se sont chargés de balayer ce sens commun de l'humanité.
Cette première partie de l'entrevue était excellente, et j'ai hâte d'écouter la suite. Sincères félicitations pour votre travail, Pascale!
Nous voilà enfin sur un sol qui résiste, l'apport des sciences objectives. D'ailleurs, s'il l'avait voulu (ou plutôt s'il en avait eu le temps) François Flahaut aurait pu aisément se faire plus prolixe... Ne serait-ce que sur le comportement du nourrisson, ou du bébé singe, dès les premiers instants de la naissance, nous disposons aujourd'hui d'informations passionnantes!
Cher Blaise,
merci de votre mot qui m'encourage!!
Hum...en fait, François Flahault m'a parlé pendant une bonne heure- et j'ai sabré dans la masse... En fait il a été prolixe. Déformation professionnelle, sans doute, j'aime les plans clairs qui vont dans une direction bien nette... Des années de(dé-?) formation de ce fleuron de la pensée française qu'est la dissertation, sans doute...
Peut-être mettrais-je un jour la version longue de notre entretien: c'est fluctuant, mais il y a aussi beaucoup à prendre. J'y songe dès que j'ai un peu de temps devant moi, au moins pour vous...
Bises à vous si je puis me permettre,
Pascale
Bonjour Pascale,
+1 pour la version longue...
Bises !